mercredi 22 mai 2013

Trabzon, piège à cons


Bus de nuit de Uçhisar à Trabzon avec un changement une demi heure après le départ (19h15) à Nevsehir (nouvelle ville).  Tout le monde a plutôt bien dormi.
Nous rejoignons le centre rapidement pour poser nos affaires dans un hôtel proche du centre puis nous filons au consulat d’Iran pour les visas. Un peu tendus nous sommes reçus immédiatement, pas d’autres prétendants dans le consulat. La procédure est simple et garantie, en deux heures nous devons avoir l’autorisation de visiter l’Iran. C‘est dans tous les blogs et nos amis qui ont fait ce périple en famille il y a quelques mois nous l’ont confirmé. L’élection présidentielle approche (mi-juin) et une amie iranienne à Paris m’a prévenu qu’à Paris ils ne délivrent plus de visas (ses mari et enfants sont français). Mais bon, nous y croyons avec une petite retenue pour la forme. Nous déchantons très vite et la chute est lourde. La procédure a changé il y a 3 semaines. Nous laissons les copies des passeports, qui sont envoyées au ministère des affaires étrangères iranien et la réponse (positive ou négative) n’arrivera que dans une semaine. Coup dur, très, où l’imagination permet de tracer, dans un pessimisme soudain, une croix sur l’Iran, donne au doute un « D » majuscule, et confine à quelques instants où se mêlent colère, déception, frustration et dépit. Alors la décision d’essayer jusqu’au bout d’obtenir les fameux sésames est prise. Agence en ligne qui pourrait, contre finance, obtenir les numéros de référence à apporter au consulat. L’argent est viré sur un compte suisse et puis ensuite nous sommes un peu nus à devoir maintenant attendre quelques (mais combien) jours pour une réponse clairement pas limpide. Pourtant nous avons tout tenté au consulat, à la limite du harcèlement sans faire de nous de définitifs indésirables. Mais l’homme ne pouvait pas faire d’exception pour nous. Retranché derrière son hygiaphone et son anglais claudicant il répétait « I can’t » avec les mains en l’air et l’air navré.  Il nous a offert des nougats d’Hispahan, qui seront peut être les seules saveurs  d’Iran à notre portée…
Trabzon devient alors notre ville d’adoption forcée, ville piège par excellence., Meydan (la place centrale) notre QG. La chambre d’hôtel miteuse, prise pour sa proximité avec le consulat et son prix modique et que nous devions partager qu’une seule nuit se transforme en pied à terre. Autant dire que la crasse des murs bleu ciel, les trous des draps, l’exiguïté du lieu permet à celui qui n’aime pas attendre dans cette incertitude magistrale de broyer le noir facilement en aller-retour incessants entre le décor du lieu et le fatras cérébral.
Trabzon et le reste de la famille aidant, l’attente se transforme en visites en long et en large de la ville et plus loin aussi (…), les 4 lettres de VISA remontant parfois par petites bouffées éphémères.
Mardi 21 mai, veille d’une réponse promise par l’agence sur internet et non promise par le consulat. D’après des sources proches de la cuisinière du ministère des affaires étrangères perse, les visas pour l’Iran, élection présidentielle oblige, ne sont plus accordés depuis le 21 mai, donc aujourd’hui. La nuit est là, nous enveloppe. Nous sommes pressés que demain arrive avec lenteur.