samedi 29 juin 2013

Erevan


Arrivée du train à Erevan sous la pluie. Les enfants se rendorment un morceau dans notre hôtel en sous sol. Départ en taxi pour le monastère de Geghard à 20 km d’Erevan. En décor le mont Ararat, situé chez les turcs, la frontière est juste là. Les arméniens pourraient être une lamentation continue. Ils trainent comme un boulet le génocide de 1915 très peu reconnu comme tel dans le monde. Les turcs ne veulent pas en entendre parler pour plein de raisons. Le mont Ararat enneigé est perdu dans les nuages et dans le cœur des arméniens. Drôle de pays pris dans une tenaille par l’Azerbaïdjian qui se situe à l’est mais a aussi un territoire du côté ouest. Rude pays qui n’est finalement que montagnes sans le moindre littoral. 
 
  
Nous passons sur une route le long de laquelle sur la première portion les moutons remplissent leur rôle de viande sur pattes et nous pouvons en voir un dont la carotide est tranchée en deux temps trois mouvements, comme ça sur le bord du bitume.


Le chemin est magnifique au milieu des montagnes vastes, vertes et colorées par des fleurs violettes, jaunes ou blanches saupoudrées ça et là ou regroupées en champs complets. Des troupeaux de moutons blancs, noirs, marrons et tout ce qu’on peut trouver comme teintes mêlant ces tons se succèdent.
Le monastère en pierres sombres est isolé dans les montagnes et la construction est semitroglodytique avec des excavations. Dans l’une d’elles on trouve une source d’eau. Très bel endroit sobre et à l’état brut. Des croix spécifiques de l’église apostolique (les Katchkars) sont gravées directement sur les murs de l’église, extérieurs et intérieurs et aussi sur les murs de l’enceinte et des salles contiguës à l’église. 


Dans une pièce attenante à la salle principale de cette petite église, sorte de chapelle cachée, a lieu une cérémonie religieuse. C’est l’étourdissement complet, nous sommes restés très longtemps et nous aurions pu rester des heures, jusqu’à la fin de cette interminable messe. C’est assez folklorique, très ritualisée s’il faut le dire différemment. Un homme joue le premier rôle avec une crosse d’évêque, une sorte de cape rigide comme celle des playmobils brodée d’or, elle court le long de son corps jusqu’au sol. A ses côtés 4 ou 5 assesseurs en tenue bleue l’assistent et tiennent pour certains d’entre eux un bâton à l’extrémité duquel est disposé un disque métallique brillant sur lequel viennent taper de petits objets aussi métalliques lorsqu’ils agitent leur instrument ce qui lui procure un bruit de tambourin. Ce n’est pas cette mise en scène qui nous tient en haleine mais les chants. Aux hommes qui s’expriment à l’unisson répondent des femmes, au pied de l’estrade, elles sont six et chantent à merveille sous leurs légers voilent. Leurs mélodies à plusieurs voix sont extraordinaires, nous restons pétrifiés. 

Visite ensuite d’Erévan, ville pas très sexy. Nous passons cependant 2 heures heureuses à visiter le musée d'art contemporain en plein air (et aussi intérieur), inachevé, bâti en terrasses successives  (le lieu est appelé Cascade) montant assez haut au dessus de la ville. Les sculptures sont pour la plupart jolies ou attirantes (Botero par exemple) et les enfants prennent autant de plaisir que nous à les regarder tout en gravissant la colline sous un soleil de plomb.