jeudi 25 juillet 2013

Tashkent, Ferghana, Ouzbékistan suite et fin, merdre ça fonce...


Tashkent, capitale du pays. Nous sortons du train pour nous engouffrer dans le métro. Les policiers, qui prolifèrent comme du chiendent, sont des taches, partout dans le décor, avec leurs uniformes verts moches comme tout. Contrôle des sacs à l’entrée de la station, un policier sur le court quai de chaque station. Et puis ailleurs dans la ville on entend leurs sifflets qu’ils n’arrivent pas à avaler malgré leur persévérance inouïe à cracher dedans. Notre survol urbain ne nous laisse pas le temps de trouver des points d’accroche forts pour Tashkent. Sauf le bazar Chorzu où nous laissons s’épanouir plusieurs de nos sens. Soirée dans la nuit des grandes avenues du centre.




Le Plov, plat national.


Nous repartons une nuit après notre arrivée vers la vallée de Ferghana, dernière région avant le Kirghiztan. Après les classiques négociations du prix, au milieu d’un traditionnel troupeau d’yeux et de téléphones portables sur lesquels les sommes discutées sont affichées, nous quittons Tashkent sans l’avoir vraiment rencontrée. Longue route dans la montagne, parsemée de taches vertes policières et de fumées épaisses de camions. La neige des sommets fait son apparition voilée par les vapeurs des cheminées d’usines. Le chauffeur de taxi n’a l’estomac rempli que de son ramadan. Sa vitesse est constante, 110 km/heure, lente sur le plat, rapide lorsque nous sommes dans les tournants de la route en montagne, extrêmement rapide lorsque nous traversons les villages en nous demandant qui des vélos ou des enfants goûteront au caoutchouc de nos pneus. Les cultures de coton ont poussé pendant nos 3 semaines ouzbèkes et sont en fleurs dans certains champs. Quelques rizières isolées et inattendues. L’impression est qu’ici la vie est massive, taillée dans le roc, d’un seul tenant. Tout semble brut, les hommes, les femmes, les enfants, les infrastructures, les animaux sur le bord des routes. L’Ouzbékistan semble le terrain de jeu idéal pour le destin, avec, c’est vrai, le substantiel coup de pouce de l’omniprésence policière et du poids de l’héritage soviétique. Il se dégage un manque affiché d’affect et aussi une certaine tristesse globale. Dans les villes, le glauque des larges rues, vides, et ternes, les immeubles défraîchis souvent repoussants, le soir venu l’obscurité flagrante qu’aucun éclairage ne vient démentir ajoutent en plus un vernis craquelé et jauni. Noukous n’était pas une ville spéciale comme nous l’avions cru mais simplement une ville ouzbèke ordinaire. L’arrivée à Fergana nous plonge un peu plus dans cette atmosphère irréelle. La pluie assombrit un peu plus le tableau. Des travaux partout avec des grues style moyen âge, rouillées, des trottoirs défoncés…Nous logeons dans un appartement soviétique au 4è étage d’un immeuble dans une résidence en lambeaux, des poules picorent entre les voitures.

Porte d'entrée de notre "hotel".
Nous allons sur un marché plein de monde, ventes de pièces détachées mécaniques, de tissus essentiellement. Les couleurs des robes et foulards des femmes sont pétantes et les chapeaux traditionnels des hommes foisonnent. Les gens son affables et rigolent de nous voir, seuls touristes perdus dans ce bazar géant. Trois étudiants nous invitent chez eux à boire le thé et manger des fruits. Ils sont mignons et avides de communiquer dans leur anglais boiteux. Ils nous posent à une station de bus pour rejoindre Richtan haut lieu de poterie. Nous finissons par trouver un atelier sans grand éclat. Maolann et Louna peuvent tout de même s’essayer au tour et nous repartons avec 3 petites assiettes achetées à prix d’or.








Le lendemain nous visitons une fabrique de soie. Vieille usine (depuis 1822) composée de plusieurs petits pavillons en bois dans lesquels les différentes étapes du processus de fabrication sont réparties, du premier tissage de fil à soie à partir des cocons bouillis dans de grandes cuves jusqu’à la fabrication de tissus et de tapis. Super intéressant pour les petits et pour les grands. Tout est fait à la main y compris la confection des tapis (faits point par point au rythme de progression de 1 cm par jour !) et le tissage. Ce dernier est fait dans une grande salle, uniquement par des femmes qui, en même temps qu’elles approchent ou éloignent les deux parties de tissus à assembler au moyen de pédales (au nombre de 2 à 8) actionnées avec les pieds, font passer un fuseau, contenant une bobine de soie ou de coton, de droite à gauche en tirant sur une poignée, le tout avec une cadence diabolique et dans un vacarme infernal (le fuseau tapant l’extrémité de la baguette en bois le contenant à chaque passage). Le bruit est d’autant plus insupportable qu’elles sont une dizaine à faire leurs gestes répétitifs dans la même pièce. Les tissus en soie faits main sont tellement plus beaux…au prix d’un travail à la chaîne et d’une exploitation humaine manifeste.






Nous repartons prendre nos affaires à l’hôtel pour filer directement pour Andijan. Dernière soirée ouzbèke dans cette entité urbaine devenue classique à nos yeux puis départ en voiture pour la frontière kirghize, la dernière des frontières terrestres de notre périple car la fin du voyage a finalement, et après maintes tergiversations bienheureuses devant la carte du monde, été arrêtée. Dur dur de devoir envisager le bout de ces pérégrinations merveilleuses.