lundi 8 juillet 2013

Shirrrrrrrrrraz!

  Nos regards se croisent souvent en ce matin où le car s’approche de Shiraz. Les enfants dorment encore, il est 6 heures et quelques. Phanie et moi faisons des allers-retours entre somnolence et franc réveil. La lumière dehors est rasante et les champs de blé ou d’orge brillent aux pieds des montagnes. 
Mosquée Nasir al Molk

Au centre une cour avec des tables et de petites estrades avec tapis et coussins pour y manger à l’iranienne. Quelques ventilateurs et aussi une sorte de machine à laver, assez massive avec un tambour central qui tourne et renvoie de l’air frais, climatiseur comme on en voit un peu partout. Encore un endroit agréable, avec deux trois arbres, dont au moins un oranger. Peu de touristes comme depuis le début de voyage ; la diabolisation de l’Iran, la chaleur et les élections forment un formidable rempart face aux potentiels envahisseurs. Les enfants, encore une fois, font de l’hôtel leur endroit en décorant et customisant l’une des pièces de notre dortoir. Ils y collent des dessins, nous sommes reçus chez MaoJalou et sont scotchés au mur des dizaines de flyers de la campagne présidentielle, ramassés et accumulés à Esfahan.
Devant le pavillon Naranjastan -qavan
On nous offre des gâteaux et boissons, nous retenons l’adresse. J’adore ces moments prolongé pendant lesquels les trois chéris disparaissent en nous interdisant de venir et font leur monde dans le monde. Ce temps et cette mise en scène sont aussi nécessaires à l’appropriation des lieux à des années lumières d’Aulnay sous Bois.
Autant dire que Shiraz, et surtout après Esfahan, est moins étincelante. 
Mosquée Nasir al Molk

Mosquée Nasir al Molk
La plupart des monuments visités datent du 19è siècle, où du siècle précédent, du temps de la dynastie Zand. Quelques endroits cependant nous plaisent bien. La mosquée Vakil a quelques jolis motifs de mosaïques avec des teintes roses et jaunes, des arbres et oiseaux. La salle de prière est transpercée de multiples colonnes sculptées. Nous y restons quelques temps, Phanie croque le mihrab derrière les colonnes et les enfants écrivent sur un cahier des secrets. La mosquée Nasir al Mok en fin de journée est encore un bel endroit pour capter l’or de la lumière crépusculaire.
La tombe de Hafez, poète du 14ème siècle, le poète perse dans le cœur des iraniens, est un lieu de pèlerinage. On y vient en fin d’après-midi pour se recueillir en touchant la tombe de la main. Une coupole abrite la tombe et on se promène tout autour dans l’ombre de quelques arbres. 
Tombeau d 'Hafez
Nous partons ensuite voir l’un des trois plus grands holy shrine d’Iran (avec ceux de Qom et Mashhad). 
Holy Shrine
Ici repose l’un des 17 frères de l’Imam Reza 8ème de la lignée des Imams chiites). Phanie et Louna ne peuvent pas rentrer car n’ont pas de chador et aucun n’est prêté à l’entrée. Nous entrons avec Maolann et Jade, après avoir  déposé à la consigne sac et appareil photo. L’endroit est immense avec une grande cour, centrée par un bassin, recouverte de tapis remplis de fidèles, les femmes, en noir pour la plupart, reléguées à l’arrière, normal ce ne sont que des femmes. Les enfants restent émerveillés par les millions de petits miroirs qui recouvrent les murs et le plafond de la salle où se trouve la tombe de l’homme qui a vu de près Reza. Nous sommes proches des étoiles scintillantes à la Walt Disney et je comprends les mirettes des loulous saturées de ces flashs lumineux qui s’étalent à l’infini. Pour ma part, l’incompréhension, la défiance et la colère vis-à-vis de cette religion qui piétine l’humain et le maintient dans une dépendance animale, sont encore un peu plus magnifiés.
La chauffeur de taxi qui nous a déposés devant le shrine, qui d’ailleurs n’était pas un taxi mais juste un mec sympa pour nous emmener nous a offert sa haine des barbus et de ce système qui voit, selon lui, les gens tous boire de l’alccol une fois derrière la porte de leur habitation. Il nous dit qu’à Shiraz on fait du très bon vin et d’autres alcools. Il nous dit aussi que la plupart des jeunes ne sont pas croyants et que rien ne peut changer tant que Khameini (the leader) sera là. 


Bazard Vakil

Bazard Vakil
Il est révolté par toute cette clique religieuse qui ne veut pas s’occuper du peuple iranien, garde et accumule l’argent pour elle, Il est révolté et très émouvant. L’intensité de son discours et son désespoir que cela puisse changer un jour sont prégnantes.
Scéance chez le coiffeur pour Maolann et Matthieu dans une boutique isolée dans la torpeur d’un après-midi. Le coiffeur est jeune, et prend son temps pour nous alléger de nos perruques devenues encombrantes avec cette chaleur.  J’adore ces moments où l’on doit expliquer ce que l’on veut comme coupe sans un mot (en France en même temps je ne sais jamais quoi dire au coiffeur).
Dans le Hammam Vakil
Mosquée Nasir al Molk

Mosquée Nasir al Molk
Mosquée Vakil

Mosquée Vakil


Nous quittons Shiraz après quelques jours pour aller vers Yazd.
Dans le hamman de la citadelle de Karim Khan
Nous prenons un taxi pour nous tous seuls qui nous emmènera d’abord à Persepolis puis vers Yazd.

1 commentaire:

  1. J'aimerais bien que votre voyage ne s'arrête jamais, tant j'ai plaisir à vous lire. Et à admirer les photos et des dessins aussi.

    "Phanie croque le mirhab" j'aime bien :)

    Ainsi, vous êtes allés sur le tombeau du grand Hafiz... c'est un vrai privilège, ça.

    Très intéressant de savoir ce que pensent les gens et de leur ras-le-bol général. Mais il s'agit de gens ouverts sur le monde, il est possible que les petites gens, ceux qui n'ont pas étudié et qui ne parlent que persan, voient les choses autrement.
    J'ai comme l'impression qu'un fossé énorme est en train de se creuser entre les uns et les autres.

    Bonne route pour la suite et continuez à nous régaler!

    L.B

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