dimanche 7 juillet 2013

Ispahan, ville chérie


Esfahan enchante. Les safavides sont nos amis et le shah Abbas 1er tout particulièrement. Il a fait de la ville sa capitale vers la fin du 16ème siècle et fait construire des merveilles. La place centrale (square Naghsh-e Jahan) est immense, fermée par une enceinte à deux étages, aux ouvertures en ogive. Au centre de la place un très grand bassin avec jets d’eau, pelouses, arbres et allées. On retrouvera plusieurs jardins ombragés avec canaux, bassins, jets d’eau et pavillons-palais dans plusieurs endroits de la ville; des oasis de fraîcheur dont nous caressons le faste de cette splendeur persane passée.




La place nous aguiche et nous envoûte avec cette ambiance extraordinaire, variable selon l’heure du jour, du crépuscule ou de la nuit. Des galeries marchandes sont disposées sous les arcades de l’enceinte et occupées par des marchands de tapis, des magasins de souvenirs artisanaux et plutôt jolis, de nougat iranien (gaz) et des artisans devant les ateliers desquels nous nous arrêtons régulièrement. Le bazar débouche au milieu d’un des petits côtés de la place rectangulaire, annoncé par un grand portail. Il est aussi accessible par les arcades. Sur le mur opposé de l’enceinte, la mosquée Masjed-e Shāh est fascinante. Nous pouvons en voir de la place l’immense portail aligné sur le mur d’enceinte, couvert de mosaïques bleutées, prolongé par deux minarets. Derrière, nous apercevons deux autres minarets dont l’axe est décalé de façon à orienter la salle de prière vers la Mecque.



Finalement, le palais Ali Qapu, ancienne demeure d’Abbas construit au milieu d’un des deux grands côtés de l’enceinte, est ouvert. Maolann et Jade préfèrent rester au bord un bassin au centre de la place pour s’y baigner comme le font déjà quelques enfants.   Les voir du haut de la terrasse, qui surplombe l’immense place, se mettre en caleçon pour l’un, torse nu et pantalon, puis après s’être ravisée chemisette et pantalon pour l’autre, puis plonger dans l’eau limpide de ce sublime endroit nous laisse dans une certaine extase de fierté parentale. Louna, déja trop grande trempe ses pieds au bord de l’eau. Le palais se laisse visiter dans la torpeur de l’après-midi, avec cette magistrale terrasse dont le plafond est repoussé très haut par des piliers en bois. Quelques peintures murales de l’époque Qajar (18 ème) et au dernier étage , une salle de musique très particulière les murs étant doublés d’une structure en stuc perforée selon des formes de carafe à long cou , ceci pour donner au lieu l’acoustique adéquate.


Reste le quatrième mur de l’enceinte, en face du palais. Surmontée d’une coupole de mosaïque crème, l’entrée majestueuse de la mosquée du Sheikh Lotfall ferme la boucle. Le dôme, couleur crème, a des couleurs changeantes selon l’endroit et le moment où l’on se trouve. Un corridor nous mène dans l’obscurité progressive vers une pièce unique, très haute, sous le dôme. Les mosaïques recouvrent la totalité des cloisons jusqu’au sommet du plafond arrondi, des ouvertures brodées dans la pierre filtrent une lumière qui projette sur les murs les formes ciselées et mouvantes des fenêtres et remplit le lieu d’une clarté tamisée. Le temps étire ici une volupté qui nous recouvre.
 Nous passons, repassons par la place centrale et aussi le bazar et puis ces jardins rafraîchissants.




Nous finissons notre séjour par une promenade le long de la rivière qui traverse la ville. Un taxi nous dépose près d’un pont safavide, sobre et nous marchons quelques kilomètres sur le bord de l’eau. Le crépuscule envahit tranquillement notre univers, le ciel blanchit, laisse ensuite les teintes orangées éphémères pour se parer d’un noir très étoilé. Une femme, tout en noir et sourire vient discuter avec nous. Malgré son insistance nous déclinons son invitation à nous rendre chez elle, nous devons prendre un car en fin de soirée pour partir vers Shiraz. Nous atteignons bientôt un deuxième pont (Khaju), époque Qajar pour celui ci. Les berges se remplissent peu à peu, les nattes sont posées au sol, les victuailles sorties, parfois les bouteilles de gaz-réchauds. Il fait incroyablement doux et l’ambiance nous transporte littéralement, la fatigue de la marche disparaît, même chez Jade. Le pont est éclairé, comporte deux étages avec des ouvertures en arche multiples. Il descend jusqu’au niveau de l’eau qui se glisse en dessous pour en sortir en pente douce entre des petits prolongements horizontaux comme posés sur l’eau (on appelle ça des brise-flots). Des escaliers descendent vers la surface du cours d’eau. Ils sont nombreux assis là à profiter de la douceur de l’air. Certains chantent sous les arcades. Des cercles de feu s’allument ça et là sur les berges. Ce sont les braises des narghilés que les fumeurs attisent en les faisant tournoyer dans un petit panier métallique accroché au bout d’un lacet.  Nous finissons par acheter des sandwichs et pique-niquer au milieu de cette ambiance bienfaitrice. Maolann et Jade continuent de courir en slalomant entre les arbres.

Un taxi nous emmène ensuite vers le terminal après un détour par l’hôtel pour récupérer nos sacs. Nous attendons 1 heure avant d’embarquer dans notre bus VIP avec sièges larges, qui s’inclinent bien avec même un reposoir intégré pour les pieds. La nuit sera bonne bien qu’un peu courte. Nous quittons Esfahan, avec grands regrets, il est minuit et demi.
Vieille mosquée

Vieille mosquée

Vieille mosquée

Petit café près du square

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