Nos regards se
croisent souvent en ce matin où le car s’approche de Shiraz. Les enfants
dorment encore, il est 6 heures et quelques. Phanie et moi faisons des
allers-retours entre somnolence et franc réveil. La lumière dehors est rasante
et les champs de blé ou d’orge brillent aux pieds des montagnes.
Mosquée Nasir al Molk
Au centre une
cour avec des tables et de petites estrades avec tapis et coussins pour y
manger à l’iranienne. Quelques ventilateurs et aussi une sorte de machine à
laver, assez massive avec un tambour central qui tourne et renvoie de l’air
frais, climatiseur comme on en voit un peu partout. Encore un endroit agréable,
avec deux trois arbres, dont au moins un oranger. Peu de touristes comme depuis
le début de voyage ; la diabolisation de l’Iran, la chaleur et les
élections forment un formidable rempart face aux potentiels envahisseurs. Les
enfants, encore une fois, font de l’hôtel leur endroit en décorant et
customisant l’une des pièces de notre dortoir. Ils y collent des dessins, nous
sommes reçus chez MaoJalou et sont scotchés au mur des dizaines de flyers de la
campagne présidentielle, ramassés et accumulés à Esfahan.
Devant le pavillon Naranjastan -qavan
On nous offre des
gâteaux et boissons, nous retenons l’adresse. J’adore ces moments prolongé
pendant lesquels les trois chéris disparaissent en nous interdisant de venir et
font leur monde dans le monde. Ce temps et cette mise en scène sont aussi
nécessaires à l’appropriation des lieux à des années lumières d’Aulnay sous
Bois.
Autant dire que
Shiraz, et surtout après Esfahan, est moins étincelante.
Mosquée Nasir
al Molk
Mosquée Nasir
al Molk
La plupart des
monuments visités datent du 19è siècle, où du siècle précédent, du temps de la
dynastie Zand. Quelques endroits cependant nous plaisent bien. La mosquée Vakil
a quelques jolis motifs de mosaïques avec des teintes roses et jaunes, des arbres
et oiseaux. La salle de prière est transpercée de multiples colonnes sculptées.
Nous y restons quelques temps, Phanie croque le mihrab derrière les colonnes et
les enfants écrivent sur un cahier des secrets. La mosquée Nasir al Mok en fin
de journée est encore un bel endroit pour capter l’or de la lumière
crépusculaire.
La tombe de
Hafez, poète du 14ème siècle, le poète perse dans le cœur des
iraniens, est un lieu de pèlerinage. On y vient en fin d’après-midi pour se
recueillir en touchant la tombe de la main. Une coupole abrite la tombe et on
se promène tout autour dans l’ombre de quelques arbres.
Tombeau d 'Hafez
Nous partons
ensuite voir l’un des trois plus grands holy shrine d’Iran (avec ceux de Qom et
Mashhad).
Holy Shrine
Ici repose l’un des 17 frères de l’Imam Reza 8ème de la lignée
des Imams chiites). Phanie et Louna ne peuvent pas rentrer car n’ont pas de
chador et aucun n’est prêté à l’entrée. Nous entrons avec Maolann et Jade,
après avoirdéposé à la consigne
sac et appareil photo. L’endroit est immense avec une grande cour, centrée par
un bassin, recouverte de tapis remplis de fidèles, les femmes, en noir pour la
plupart, reléguées à l’arrière, normal ce ne sont que des femmes. Les enfants
restent émerveillés par les millions de petits miroirs qui recouvrent les murs
et le plafond de la salle où se trouve la tombe de l’homme qui a vu de près
Reza. Nous sommes proches des étoiles scintillantes à la Walt Disney et je
comprends les mirettes des loulous saturées de ces flashs lumineux qui
s’étalent à l’infini. Pour ma part, l’incompréhension, la défiance et la colère
vis-à-vis de cette religion qui piétine l’humain et le maintient dans une
dépendance animale, sont encore un peu plus magnifiés.
La chauffeur de
taxi qui nous a déposés devant le shrine, qui d’ailleurs n’était pas un taxi
mais juste un mec sympa pour nous emmener nous a offert sa haine des barbus et
de ce système qui voit, selon lui, les gens tous boire de l’alccol une fois
derrière la porte de leur habitation. Il nous dit qu’à Shiraz on fait du très
bon vin et d’autres alcools. Il nous dit aussi que la plupart des jeunes ne
sont pas croyants et que rien ne peut changer tant que Khameini (the leader)
sera là.
Bazard Vakil
Bazard
Vakil
Il est révolté par toute cette clique religieuse qui ne veut pas
s’occuper du peuple iranien, garde et accumule l’argent pour elle, Il est
révolté et très émouvant. L’intensité de son discours et son désespoir que cela
puisse changer un jour sont prégnantes.
Scéance chez le
coiffeur pour Maolann et Matthieu dans une boutique isolée dans la torpeur d’un
après-midi. Le coiffeur est jeune, et prend son temps pour nous alléger de nos
perruques devenues encombrantes avec cette chaleur.J’adore ces moments où l’on doit expliquer ce que l’on veut
comme coupe sans un mot (en France en même temps je ne sais jamais quoi dire au
coiffeur).
Dans le Hammam Vakil
Mosquée
Nasir al Molk
Mosquée Nasir al Molk
Mosquée Vakil
Mosquée Vakil
Nous quittons
Shiraz après quelques jours pour aller vers Yazd.
Dans le hamman de la citadelle de Karim Khan
Nous prenons un taxi pour
nous tous seuls qui nous emmènera d’abord à Persepolis puis vers Yazd.
J'aimerais bien que votre voyage ne s'arrête jamais, tant j'ai plaisir à vous lire. Et à admirer les photos et des dessins aussi.
"Phanie croque le mirhab" j'aime bien :)
Ainsi, vous êtes allés sur le tombeau du grand Hafiz... c'est un vrai privilège, ça.
Très intéressant de savoir ce que pensent les gens et de leur ras-le-bol général. Mais il s'agit de gens ouverts sur le monde, il est possible que les petites gens, ceux qui n'ont pas étudié et qui ne parlent que persan, voient les choses autrement. J'ai comme l'impression qu'un fossé énorme est en train de se creuser entre les uns et les autres.
Bonne route pour la suite et continuez à nous régaler!
J'aimerais bien que votre voyage ne s'arrête jamais, tant j'ai plaisir à vous lire. Et à admirer les photos et des dessins aussi.
RépondreSupprimer"Phanie croque le mirhab" j'aime bien :)
Ainsi, vous êtes allés sur le tombeau du grand Hafiz... c'est un vrai privilège, ça.
Très intéressant de savoir ce que pensent les gens et de leur ras-le-bol général. Mais il s'agit de gens ouverts sur le monde, il est possible que les petites gens, ceux qui n'ont pas étudié et qui ne parlent que persan, voient les choses autrement.
J'ai comme l'impression qu'un fossé énorme est en train de se creuser entre les uns et les autres.
Bonne route pour la suite et continuez à nous régaler!
L.B